Le muguet (Convallaria majalis L. aka « lily-of-the-valley ») est une plante autrefois utilisée comme plante médicinale mais qui ne trouve plus aucune usage thérapeutique actuellement. Tous ses organes contiennent des hétérosides cardiotoniques de type cardénolide. La composition est complexe avec près de 40 hétérosides construits sur une dizaine de génines et est étroitement dépendante de l’origine géographique [1,2].

Les hétérosides cardiotoniques sont des molécules que l’on retrouve dans la digitale ou le laurier rose. Toutes ces plantes sont trop dangereuses pour être utilisées en phytothérapie et sont responsables d’intoxications potentiellement graves [5]. Leur usage est donc réservé à la pharmacognosie. On a pu en extraire des molécules comme la digoxine et on cultive d’ailleurs la digitale laineuse à cet effet.

Le muguet est connu depuis le XVIe siècle pour être un « fortifiant du cœur ». Les hétérosides cardiotoniques sont en effet caractérisés en pharmacologie par une série de propriétés connues sous le sigle des « 3R » : ils Ralentissent (le rythme), Renforcent (la force de contraction)  et Régularisent (le rythme) (Effets C-D-I+). En pratique on se sert des propriétés de la digoxine dans le traitement de l’insuffisance cardiaque et de certains troubles du rythme cardiaque. Son usage est cependant de plus en plus restreint du fait de sa marge thérapeutique étroite et de la présence d’autres thérapeutiques de référence  dans ces domaines.

L’alerte sur la toxicité du muguet est le marronnier de la pharmaco.

Il semble cependant que les réels cas d’intoxications soient particulièrement rares du fait

  • d’une faible résorption intestinale des cardénolides ;
  • de l’amertume des fruits qui n’incitent pas à sa consommation massive et des vomissements qui interviennent souvent rapidement (quel que soit la partie de la plante en cause) ;
  • de l’absence des fruits sur les brins commercialisés le premier mai ;
  • d’une  période d’exposition à la plante relativement courte.

Les centres antipoisons reçoivent principalement des appels au sujet d’enfants, personnes âgées ou démentes ayant bu l’eau ayant servi à conserver le bouquet. Des études sur l’animal n’ont pas confirmé cette toxicité [1]. L’analyse de 2639 cas d’ingestion de muguet aux États-Unis n’a mis en évidence de symptômes que pour 6,1% des intoxiqués dont 3 seulement ont présenté une symptomatologie sévère [3].

Pour le reste, un centre antipoison indique que « l’ingestion d’une grande quantité de plante (5 baies et plus, 2 feuilles ou 2 tiges et plus) nécessite une prise en charge à l’hôpital avec monitoring cardiaque. » [4]

En conclusion, les usages alimentaires et thérapeutiques de la plante en l’état sont exclus et  il est légitime d’être vigilant sur l’introduction de cette plante dans nos foyers. Les données sont cependant rassurantes en cas d’intoxication.

Pour rappel, en cas d’urgence, les numéros à contacter rapidement sont :

 

Références :

Illustration : biologie.ens-lyon.fr

1. D Frohne, H J Pfänder, R Anton : Plantes à risques (TEC ET DOC / EM INTER / LAVOISIER)

2. Jean Bruneton : Pharmacognosie, Phytochimie – Plantes médicinales (aka « LE  BRUNETON ») (TEC ET DOC / EM INTER / LAVOISIER)

3. EP Krenzelok , TD Jacobsen , JM Aronis. Lily-of-the-Valley (Convallaria majalis) exposures: are the outcomes consistent with the reputation? J Toxicol Clin Toxicol 1996; 34: 601.

4. Centre antipoison Belge http://www.centreantipoisons.be

5. Dictionnaire des sciences médicales – tome 27 – 1818 (au sujet du laurier rose)